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Rapport du Conseil national du bien-être social - La pauvreté coûte cher
Les conséquences de la pauvreté coûtent annuellement 25 milliards de dollars au Canada, alors qu'il n'en faudrait que la moitié pour la combattre
En ne réglant pas les problèmes de pauvreté à la source, le Canada dépense beaucoup d'argent à la mauvaise place. C'est la conclusion du Conseil national du bien-être social (CNB), dans un rapport publié hier. L'organisme gouvernemental estime que les conséquences de la pauvreté coûtent annuellement 25 milliards de dollars, alors qu'il n'en faudrait que la moitié pour que tous les Canadiens puissent vivre au-dessus du seuil de la pauvreté. «Il faut arrêter de considérer l'élimination de la pauvreté comme une dépense, mais plutôt comme un investissement», déclare Glen Sepherd, membre du CNB.
L'organisme cite comme exemple les coûts élevés associés à l'itinérance: refuges, banques alimentaires, soins de santé, services policiers, frais juridiques. À Calgary, une place dans un refuge pour itinérants coûte annuellement 42 000 $ au gouvernement et l'hébergement en prison ou en hôpital psychiatrique s'élève à 120 000 $ par personne. Par contre, il ne faut que 15 000 $ par an pour subventionner une place dans un logement supervisé et la moitié pour un logement à prix modique. Le CNB relève que, pour une personne incapable de payer une amende de 150 $, les frais d'incarcération s'élèvent à... 1400 $. M. Sepherd ajoute que les familles qui ne peuvent se payer des médicaments se rendent plus souvent à l'urgence, un des services de santé les plus onéreux.
Les personnes en situation de pauvreté contribuent aussi moins à l'économie. Selon le CNB, un individu qui ne peut se loger ni manger à sa faim doit dépenser beaucoup d'énergie simplement pour survivre. Il lui est plus difficile de chercher un emploi ou de retourner aux études pour améliorer sa situation.
Repenser l'aide sociale
Le Conseil national du bien-être social croit que l'aide sociale, dans sa forme actuelle, n'est pas efficace pour lutter contre la pauvreté. L'organisme souligne que les prestataires d'aide sociale doivent être «presque complètement démunis» avant d'y avoir droit et que les restrictions associées «empêchent les gens d'avancer». Selon M. Sepherd, un individu qui commence à travailler à temps partiel, et perd de ce fait les avantages reliés à l'aide sociale, peut se retrouver dans une situation encore plus précaire. «Tout le monde veut travailler, insiste M. Sepherd, mais il faut soutenir les gens pour les aider à devenir indépendants, par exemple en facilitant l'accès au transport ou aux garderies.»
Dans les années 1970, la Ville de Dauphin, au Manitoba, a testé un programme de revenu annuel garanti, qui fut un succès, selon le CNB. Ce programme assurait automatiquement un revenu minimum aux ménages à faible revenu. Parmi les résultats, on a noté une baisse du nombre de visites à l'hôpital et une hausse du taux d'obtention du diplôme d'études secondaires. M. Sepherd croit que ce genre de mesure devrait être reconsidéré aujourd'hui. «Certains croyaient que ça inciterait les gens à arrêter de travailler, mais c'est tout le contraire qui s'est produit», explique-t-il. Une étude estime qu'une telle mesure coûterait 397 milliards de dollars, à l'échelle nationale, mais en ferait économiser le quadruple.
En 2009, près d'un Canadien sur dix vivait sous le seuil de la pauvreté. Parmi les groupes les plus touchés, on retrouve les femmes, les immigrants, les autochtones et les personnes souffrant d'un handicap physique ou mental.